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Il y a près de 30 ans, par la démolition de l'entrepôt plus que centenaire des frères Thompson, Lévis avait accéléré la cadence
Luc Nolet, Le Peuple Tribune, 24 mai 1992
Le promoteur Byro avait demandé un permis de démolition pour le bâtiment situé à l’arrière de l’ancien Hôtel Saint-Louis et, en guise de réponse, la Ville de Lévis décidait par résolution, non pas de lui octroyer, mais d’obtenir une ordonnance de démolition … dans les meilleurs délais.
En agissant de la sorte, le conseil court-circuitait son propre règlement sur les démolitions même si ce dernier n’avait pas encore force de loi et réagissant sur le tard à la mise en demeure expédiée par le promoteur.
Cette résolution quelque peu surprenante a suscité la division au sein du conseil alors que les conseillers André Hamel, Jean-Paul Turmel, Réjean Boutin, Francine Bégin et Gilles Lehouiller inscrivaient leur dissidence sur cette résolution. En l’absence du conseiller Jean-Claude Bouchard, la résolution était finalement acceptée à 6 contre 5. À la période des questions, un des opposants à la démolition de ce bâtiment, M. Denis Roy, a fait remarquer au conseil qu’une étude demandée et payée par la ville à la firme Bouchard Frigon Lalonde et Associés, concluait que le bâtiment n’était pas irrécupérable et qu’il ne nécessitait qu’une consolidation. Le maire Guay, secondé par le directeur général Michel Thibault, expliquait pour sa part que cette décision avait été motivée par le fait que les conclusions du deuxième rapport indiquaient que la structure du bâtiment était instable et qu’il menaçait de s’écrouler à tout moment. M. Roy a réitéré sa demande au conseil d’utiliser la Loi sur les biens culturels qui permet à une Ville de citer un bâtiment qu’elle veut conserver.
À son tour, l’historien Michel Lessard est venu prendre fait et cause en faveur du maintien de l’entrepôt visé par la démolition. Selon lui, tout comme M. Roy, la nécessité de protéger cet entrepôt tient aux références historiques dont il témoigne. M. Lessard a aussi spécifié que la Loi sur les biens culturels à l’article 79 explicitait que ‘’Tout intéressé y compris une municipalité peut obtenir en tout temps de la Cour supérieure une ordonnance pour faire exécuter aux frais du propriétaire des travaux requis pour rendre les biens et lieux conformes aux conditions visées par les articles… ‘’
Lenteurs
Interrogée au terme de l’assemblée publique, la conseillère Francine Bégin a indiqué que les membres du conseil avait été informés de la demande d’un permis de démolition mais que les conseillers n’avaient pris connaissance de la mise en demeure expédiée à ce sujet à la ville le 24 avril dernier par le promoteur que trois semaines plus tard. Mme Bégin s’est dite dans l’incapacité d’expliquer les raisons de ce délai compte tenu de l’urgence de la situation invoquée par les partisans de la démolition rapide.
Par Yvan-M. Roy
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Mémoire présenté à l’occasion de la consultation publique du 9 décembre 1993 sur le projet de règlement relatif aux plans d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) pour les bâtiments et zones patrimoniaux.
Par Yvan-M. Roy
Après avoir pris connaissance du projet de règlement adopté le 15 novembre dernier, je suis en mesure d’affirmer que premièrement, il s’agit d’une disposition très contraignante pour les citoyens, deuxièmement, le projet de règlement répond partiellement aux objectifs visés, troisièmement, l’objet caché du règlement est de justifier la démolition du Monastère du Précieux-Sang.
Les objets avoués du projet de règlement consistent à faire en sorte que les bâtiments « assujettis »demeurent des éléments forts et exceptionnels du patrimoine lévisien et à préserver des zones qui caractérisent Lévis de par l’architecture des bâtiments, le paysage urbain ou les éléments historiques du patrimoine municipal. Le Monastère du Précieux-Sang est exclu du périmètre désigné, de même que plusieurs autres bâtiments hautement significatifs.
1. Un règlement très contraignant pour les citoyens
Le 7 octobre 1992, à l’occasion d’un précédent mémoire, j’ai eu l’occasion de préciser que Lévis avait adopté une règle d’application stricte pour préserver le caractère du Vieux-Lévis.[1] Le projet de règlement adopté le 20 novembre dernier pour créer des plans d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) dans la haute-ville de Lévis vient confirmer mes affirmations.
En effet, le projet de règlement touche 35 zones différentes et plusieurs centaines de petits, moyens et grands propriétaires.
[ p. 1]
Pour assurer la préservation et l’amélioration du cachet ancien et authentique des bâtiments et ensembles architecturaux, la ville met en place des mesures de contrôle sur les bâtiments d’intérêt patrimonial, « assujettis » ou non, sur les bâtiments modernes, et sur l’implantation et l’intégration des nouveaux bâtiments. Il s’agit principalement « de maintenir les caractéristiques dominantes du paysage urbain de ces zones ».[2]
Les toitures, le revêtement des murs, les portes et fenêtres, les éléments en saillie et les ornements, les ajouts, les couleurs, les façades, les enseignes, les auvents, l’éclairage extérieur, les travaux paysagers seront soumis à la discrétion d’un comité public.
Un des côtés les plus positifs du règlement, c’est que la contrainte historique s’applique intégralement à toutes les zones. Il ne s’agit pas de zonage parcellaire (spot zoning), contrairement à ce qui s’est produit dans le secteur de la Traverse. J’aurai l’occasion de revenir sur ce point.
La contrainte est accompagnée de sanctions contre les contrevenants. Ces sanctions peuvent aller jusqu’à 1 000 $ pour un individu et 2 000 $ pour une société incorporée. En cas de récidive, l’amende maximale est doublée.
2. Un règlement justifié
En toute objectivité, je considère que le projet de règlement, s’il est adopté sans modifications, sera difficile d’application. Le règlement pose de grandes limites à la liberté individuelle. Par ailleurs, considérant que depuis plus d’un siècle, un nombre appréciable d’auteurs nationaux et étrangers se sont prononcés sur le caractère historique de Lévis, et que des études et inventaires récents ont identifié un grand nombre de bâtiments remarquables, le règlement m’est apparu justifié, du moins pour les 35 zones spécifiées. Ma réserve est que les zones ont été retenues de manière arbitraire.
Le règlement est très contraignant parce que le caractère historique de Lévis est très grand.
[ p. 2]
3. Un règlement tardif
Personnellement, j’estime que le projet de règlement est tardif. Il s’agit d’une mesure qui aurait dû être adoptée vers 1950, l’année où a débuté le vandalisme dans la ville de Lévis par la destruction du Bureau de poste à la Traverse. Avec un tel règlement, l’ancienne administration de la Ville n’aurait pas si facilement obtenu la démolition de l’ancien Hôtel de Ville de la rue Déziel et de l’ancien Poste de police de la rue Saint-Georges.
[ p. 1]
4. Un règlement incomplet
Le règlement m’et apparu incomplet parce qu’il n’assure pas les caractèristiques dominantes du paysage urbain dans son ensemble.
Le périmètre visé occupe tout le plateau qui surplombe la falaise à partir de la Terrasse jusqu’à la rue J.-K. Laflamme. Tant du point de vue historique que paysager, le principal élément fort de Lévis est la falaise. En 1759, Québec fut détruit à partir de la falaise de Lévis. Cette falaise est directement devant le Château Frontenac. Le règlement n’assure d’aucune manière la protection de la falaise. À Lévis, la falaise varie en élévation de 80 à 130 pieds. En face, la falaise de Québec a 200 pieds (Terrasse Dufferin).
Au pied de la falaise, Lévis a fait du zonage parcellaire dans le secteur de la Traverse. À l’est et à l’ouest, la réglementation actuelle permet la construction de bâtiments hauts de 17 mètres, soit une norme légèrement supérieure à celle du Vieux-Port de Québec. C’est à la Traverse que la ville a construit en 1864 son premier hôtel de ville, qui sert actuellement de gare intermodale.
Je tiens donc à répéter le même avertissement que j’ai formulé devant ce même conseil le 7 octobre 1992 :
« Je prévois donc que sous une perspective obtenue à partir du Vieux-Port de Québec, la falaise de Lévis sera masquée de 66% à 100% sur une distance de 300 mètres entre le Chantier Maritime A.C. Davie et la Côte Bégin ».[3]
5. La règle de deux poids, deux mesures
À l’occasion de la consultation sur les règlements d’urbanisme le 7 octobre 1992, j’ai indiqué que la ville de Lévis suivait une règle fondamentalement injuste et immorale en obligeant les petits propriétaires de la haute-ville à respecter le caractère patrimonial de leur secteur, et en n’imposant pas une règle identique pour les propriétaires du secteur de la Traverse, notamment pour les zones contigües à l’historique chantier maritime A.C. Davie.[4]
[ p. 3]
Pour le contenu minimal d’un PIIA à la haute-ville, le règlement oblige « une vue en isométrie ou en perspective du bâtiment projeté » afin d’assurer l’intégration avec les autres bâtiments de la zone. Comme à la haute-ville, il y a à la Traverse des bâtiments patrimoniaux dans la majorité des zones, il y a une uniformité dans l’application, et il y a également réciprocité dans les obligations d’une zone à l’autre.
À la Traverse, la zone Pa 59-44 (Chantier maritime A.C. Davie ) est probablement la zone la plus significative au point de vue historique dans la ville de Lévis. La ville vient d’acquérir au coût de 1 050 000 $ l’historique chantier Davie avec de fortes subventions canadiennes et québécoises.
Comment expliquer que la ville de Lévis n’a pas imposé aux autres zones voisines, notamment la zone Hd 59-65 (Côte Bégin- J.-L. Demers) la réalisation d’une vue en isométrie ou en perspective des bâtiments projetés pour assurer le respect de la falaise et des bâtiments projetés pour assurer le respect de la falaise et des bâtiments de la zone Pa 59-44. La réglementation actuelle permet la construction de 50 logements et plus à l’hectare dans la zone Hd 59-65. L’effet de la réglementation dans cette zone est de permettre la construction de trois unités de 50 logements sur 6 étages.
Quelle sera la valeur patrimoniale du Chantier A.C. Davie quand le potentiel immobilier des zones contigües aura été exploité suivant les libéralités de la réglementation actuelle? À mon avis, le potentiel sera très réduit. La réglementation manque de cohérence.
Je suis d’avis que les investissements du gouvernement du Canada ( 300 000 $) et ceux du Québec (600 000 $) visaient d’abord autre chose que la mise en valeur du Chantier A.C. Davie.
[ p. 4
Le secteur de la Traverse est la partie nord de l’historique quartier Lauzon, quartier dont la partie sud couronne la falaise de Lévis. Il y a l’application de la règle de deux poids, deux mesures, concernant la mise en valeur du quartier Lauzon. Dans ce quartier historique, les propriétaires d’en haut ne sont pas soumis aux mêmes obligations que les propriétaires d’en bas. Je considère l’actuel projet de règlement cet égard comme injuste et immoral relativement aux autres règlements qui ont été adoptés pour le secteur de la Traverse.
6. Des oublis majeurs et le véritable objet
Je ne saurais terminer mes commentaires sans mentionner que le règlement aurait dû élargir le périmètre d’application pour inclure le Monastère du Précieux-Sang, le Manège militaire, et la maison Carrier-Couture (rue Plante).[5] Concernant les deux premiers bâtiments, il est vrai qu’il s’agit de constructions du XXe siècle, mais lorsqu’il s’agit de la plus ancienne maison de Lévis et qu’elle se trouve à 50 mètres au sud à l’extérieur du périmètre, il y a de quoi s’interroger sur le véritable objet du règlement. Je suis d’avis que le périmètre a été retenu après une dissection arbitraire et aveugle.
Le règlement aurait-il pour véritable objet de justifier la démolition du Monastère du Précieux-Sang ? Les faits me portent è répondre positivement à cette question.
Les membres du Comité consultatif d’urbanisme et ceux du Comité « ad hoc » sur le patrimoine portent une lourde responsabilité face à la conservation du patrimoine lévisien. La démolition du Monastère du Précieux-Sang pourra éventuellement leur être imputée.
Les Américains ont transporté pierre par pierre des monastères achetés en Europe. Pourquoi ne pas conserver intact celui que nous avons ici à Lévis ?
[ p. 5]
[1] Mémoire sur les projets de règlements d’urbanisme de la ville de Lévis, Yvan-M. Roy, 7 octobre 1992. ‘’Lévis a choisi d’utiliser une règle d’application stricte pour préserver le caractère du Vieux-Lauzon et celui du Vieux-Lévis, deux secteurs près des églises Saint-Joseph et Notre-Dame. J’ai identifié cette mesure comme étant une règle « Macdonald patrimoniale ». Lévis force par l’effet de la loi douze cents petits propriétaires à respecter le caractère patrimonial de leur qiuartier. P. 26
[2] Projet de règlement, p. 23
[3] Voir Note 1 (Mémoire sur les projets….) p. 12. Il est important de préciser que l’élévation des terrains en bordure de la rue à la Côte Bégin débute au niveau de 7 mètres.
[4] Voir Note 1 (Mémoire sur les projets….), p. 26. « Lévis a choisi d’utiliser une règle d’appliction très libérale pour guider l’aménagement des secteurs patrimoniaux de la Traverse et de la Pointe-de-la-Martinière. J’ai identifié cette mesure comme étant une règle « Macdonald impériale ». Lévis consent à ce qu’un ou deux gros promoteurs échappent à l’obligation de respecter la caractère patrimonial des lieux. Lévis adopte la règle de deux poids, deux mesures, ce qui à mon avis est fondamentalement injuste et immoral. Le site A.C. Davie d’un potentiel exceptionnel sera écrasé par « un balconville sur Saint-Laurent ».
[5] Léon Roy pose la question suivante dans Les premiers colons de la ive-Sud du Saint-Laurent : N’est-ce pas Ignace Carrier qui avait construit la première partie en pierre de cette plus vielle maison de Lévis. (p.99) (Ignace Carrier, né en 1727, décédé le 2 septembre 1759 pendant le siège de Québec, enterré dans l’église de Lauzon le 11 décembre suivant.
La tradition orale dans notre famille est que le Colonel Benedict Arnold qui commandait l’expédition des troupes du Congrès fut hébergé par Ignace Couture et Véronique Carrier dans cette maison en novembre 1775. Cette information trouve confirmation dans le rapport des commissaires Baby, Taschereau et Williams de 1775 où il est écrit qu’au début de novembre 1775, Ignace Couture fut délégué en Beauce par l’assemblée de Pointe Lévy pour presser les Américains d’arriver à Pointe Lévy dans les plus brefs délais.
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Recommandation pour le rejet du projet de règlement concernant diverses modifications au règlement RV-2011-11-31 portant sur le Plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) du secteur de la Traverse, demande d’un moratoire et d’un Programme particulier d’urbanisme (PPU)
par Yvan-M. Roy, 25 février 2013
Le contexte
Le secteur de la Traverse a fait partie autrefois du quartier Lauzon, l’un des trois quartiers qui ont été créés en 1861 lors de la fondation de Lévis. Pendant les cent premières années, la Traverse fut le principal quartier commercial et industriel de la ville, un lieu majeur dans la construction navale, les transports ferroviaires et routiers, un lieu de restauration, d’hébergement et d’habitation. J’appartiens à la dernière génération qui a connu le secteur de la Traverse avant la déstructuration débutée par la démolition du Bureau de poste de l’avenue Laurier, au milieu des années 50’, pour faire place à un stationnement.
Bien des bâtiments que les personnes de ma génération pouvaient encore voir au milieu du siècle dernier ont disparu. Le secteur a subi une mutation profonde causée par une série d’incendies et de démolitions, parfois injustifiées, le tout en parallèle avec une décroissance des activités qui en avaient fait un lieu central sur toute la rive droite du Saint-Laurent.
Il y a une quarantaine d’années, le ministère des Affaires culturelles a dressé un inventaire des bâtiments traditionnels dans le périmètre des anciens quartiers du Vieux-Lévis. L’inventaire a révélé la présence d’une forte concentration de constructions centenaires, construites au 19e siècle. Dans le secteur de la Traverse, il y fut noté des immeubles prestigieux, comme celui de la Halle Lauzon (1864), la Banque des Marchands (1875 – Hôtel Saint-Louis), le restaurant l’Escalier, sans oublier le complexe maritime A.C. Davie. L’inventaire identifia également une douzaine de bâtiments plus modestes situés dans la zone M2163.
Rive gauche, rive droite
La rive gauche : J’ai connu la Basse-Ville de Québec durant les années 50’, particulièrement les rues de la paroisse Notre-Dame des Victoires. La situation était semblable celle de la Traverse. Les immeubles étaient passablement délabrés, plusieurs laissés l’abandon. L’activité financière avait abandonné la rue Saint-Pierre. Le gouvernement du Québec vint en aide à la ville de Québec. Le projet de Place Royale fut réalisé. Plusieurs rues furent restaurées ou rénovées, dont Place Royale, Petit Champlain, Sault-au-Matelot, Saint-Pierre, Saint-Paul, Dalhousie, etc. Sauf quelques propriétés sous juridiction fédérale, les interventions et les constructions furent réalisées dans le cadre d’une réglementation stricte afin de conserver le caractère des lieux, l’esprit qui se dégageait des 17e, 18e et 19e siècles. Ce fut un coup de main extraordinaire pour l’industrie touristique régionale.
La rive droite : Dans le secteur de la Traverse, ce fut une toute autre histoire. En 1987, le service d’urbanisme de Lévis étudia les projets de deux promoteurs, l’un à l’ouest au pied de la côte Fréchette, l’autre à l’est au pied de la côte Bégin. Malgré plusieurs invitations à la prudence, la ville autorisa la construction des deux projets. Chacun des immeubles a constitué une coupure radicale avec l’image traditionnelle du secteur. Alors que la hauteur moyenne des bâtiments patrimoniaux était d’environ 10 mètres (+/- 33 pi.), sur 2 ou 3 étages), les bâtiments contemporains comptaient 6 étages, pour une hauteur voisinant 17 mètres (+/- 55 pi). La vue de la falaise fut obstruée à plus de 60%. Le volume des constructions nouvelles se caractérise par la démesure face aux constructions anciennes. Il y a autant de différence qu’il peut y en avoir entre une motocyclette et un camion, entre un cheval et un hippopotame. Des centaines d’unités de condominiums, d’une architecture contemporaine avec grandes fenestration, portes patios et balcons sur le fleuve apportent un contraste marqué avec des constructions patrimoniales classées, comme c’est le cas à côté du chantier A.C. Davie. Aujourd’hui, tout visiteur qui arrive par le traversier à la porte du Vieux-Lévis (la Traverse) se voit d’abord offrir la perspective d’un quartier central ayant conservé certaines traces du 19e siècle, le caractère et l’esprit du Vieux-Lévis, mais dont les extrémités sont flanquées de deux constructions contemporaines se démarquant par la démesure. Ce que le projet d’amendement propose, c’est de poursuivre la dénaturation de ce secteur patrimonial en permettant l’implantation au centre d’autres constructions de style contemporain, avec balcons et portes patio, dans cette zone habitable M2163 au sud de la rue Saint-Laurent. Bientôt, l’utilisation du terme ‘’ Vieux-Lévis’’ pour le positionnement touristique (branding) deviendra une imposture.
Le rendement de l’industrie touristique
Ce qui fait le caractère spécial de notre région, ce sont les montagnes, le fleuve, les falaises, l’histoire, les constructions publiques et privées des siècles passés, et bien sur, une campagne pittoresque à quelques minutes du centre urbain. Une atteinte aux éléments qui composent ce caractère est un frein au rendement de notre industrie touristique. Devant cette richesse, nous devons agir en tant que fiduciaires, non pas avec les pleins pouvoirs de propriétaires. C’est la nature du message que j’ai transmis par lettre au conseil de Lévis en juillet 1987 lorsque j’ai pris connaissance que la ville voulait autoriser la construction de deux projets comportant des centaines de condominiums de facture contemporaine dans le secteur de la Traverse. (Google : Projets immobiliers risqués – Le Soleil – juuillet 1987 )
Une coalition pour le capitalisme radical
Le projet d’amendement du PIIA répond aux pressions d’une coalition qui existe depuis 25 ans entre de grands promoteurs et de grands prêteurs hypothécaires pour s’opposer aux mesures et règles qui viendrait diminuer le rendement maximum des capitaux. Il s’agit d’une vue strictement matérialiste qui s’explique dans un cadre général, mais qui ne s’aurait trouver son application dans un contexte particulier et spécial, comme celui du Vieux-Québec, ou celui du Vieux-Lévis. Dernièrement, Lévis a rejeté l’offre du gouvernement québécois de créer dans le Vieux-Lévis un arrondissement historique, à l’image du Vieux-Québec. Lévis, ville de coopération, n’est-elle pas cet endroit en sol d’Amérique qui propose depuis cent ans d’humaniser le capitalisme. Une autre imposture, peut-être ?
Les consultations passées concernant la Traverse
Lors de la consultation sur l’élaboration du Plan d’aménagement de la bordure fluviale le 4 février 1991, j’ai présenté une demande de reconstruction du secteur de la Traverse, demande que j’ai reprise le 7 octobre 1992 lors de la consultation sur le premier Plan d’urbanisme de Lévis. Voici un extrait du mémoire déposé à cette date et qui peut être consulté sur Internet. (Google : Vieux-Lévis – Plan d’urbanisme – 7 octobre 1992)
‘’Les règlements proposés ne respectent pas le caractère historique du secteur où est née la corporation de la ville de Lévis, et où a débuté la dynamique économique de la population de Lévis. Le 5 février 1991, j’ai proposé à la ville de Lévis de diriger la réglementation dans le secteur de la Traverse pour redonner à ce secteur historique l’aspect qu’il avait à l’époque où ont vécu Allison Davie et Alphonse Desjardins.’’
La consultation du 25 juin 2009
Lors de la consultation du 25 juin 2009, j’ai demandé pour la nième fois de considérer la reconstruction de la Traverse comme elle se trouvait à l’époque d’Alphonse Desjardins, à l’âge d’or du Vieux-Lévis. Une vision romantique, nostalgique, mais certes opportuniste si l’on considère l’immense succès touristique que Québec a réussi avec Place Royale, le Vieux-Port et le Petit Champlain. La reconstruction de la Traverse, c’est de faire revivre un milieu très significatif pour les Lévisiens, et qui serait très attrayant autant pour les touristes québécois que pour ceux du monde entier. Le projet actuel manque de perspective et de vision.
Le groupe Daniel Arbour et Associés. (IBI/DAA)
En septembre dernier, les directions de l’urbanisme et du développement ont retenu les services de la firme Daniel Arbour et Ass. pour diriger les projets de construction dans les 3 zones du secteur de la Traverse, un contrat de 950 000 $ pour un projet de 19 000 000 $
En 1990, la firme DAA avait recommandé le développement d’un vaste quartier résidentiel sur les 312 acres de la Pointe-de-la-Martinière. Heureusement, la ville n’a pas retenu la recommandation. L’endroit est devenu un des plus beaux parcs thématique de la capitale nationale. En 2010, la direction de l’urbanisme a retenu les services de DAA pour diriger la consultation sur l’implantation d’un complexe de 150 condos et logements locatifs à quelques pas de la Halle Notre-Dame et du Manège militaire, deux immeubles à très haute valeur patrimoniale dans un des parties les plus prestigieuses du Vieux-Lévis.
L’initiative des modifications au règlement RV-2011-11-31 doit être attribuée au groupe Daniel Arbour et Associés.
CONSIDÉRATION : Je considère que les modifications demandées au règlement RV-2011-11-31 sur le PIIA dans le secteur de la Traverse sont dangereuses parce qu’elles attaquent gravement et sérieusement un secteur névralgique pour l’interprétation du Vieux-Lévis, dont l’architecture est marquée très fortement par des constructions du 19e siècle. Il n’y a aucune mesure de renforcement, non plus d’atténuation.
EN CONCLUSION, c’est pourquoi je demande au conseil de l’arrondissement Desjardins, de faire droit à ma demande et de la transmettre au conseil de ville, à savoir :
REJETER les modifications au règlement RV-2011-11-31;
DÉCRETER un moratoire sur le développement de la zone M2163;
ADOPTER un Programme particulier d’urbanisme (PPU) avec objet de restaurer le côté sud de la rue Saint-Laurent tel qu’il était l’époque d’Alphonse Desjardins;
CONSACRER les crédits nécessaires à la réalisation du PPU.
Yvan-M. Roy
(Signature)
Le 25 février 2013
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